Faits saillants de la discussion tenue avec Melissa Mollen Dupuis dans le cadre du Congrès pancanadien de partage des compétences

Faits saillants de la discussion tenue avec Melissa Mollen Dupuis dans le cadre du Congrès pancanadien de partage des compétences

Nat_Skillshare_May_19_2021-edit.jpeg

« C’était pour démontrer qu’il y avait un enjeu avec la police, avec le système de justice, avec l’ignorance volontaire des gens par rapport aux enjeux des femmes autochtones », nous dit Melissa Mollen Dupuis lorsqu’elle fait référence aux messages clés portés par le court-métrage intitulé « Femmes autochtones disparues et assassinées », qu’elle a réalisé en 2012 avec le Wapikoni mobile. Alors que l’on sait que les femmes et les filles autochtones courent un risque 3,5 plus élevé d’être victimes ou de mourir d’une violence physique ou sexuelle (AFAC, 2015), le Canada ne fait que commencer à lever le voile sur cette question, et ce, malgré la tenue de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.

C’est dans ce contexte que, le 19 mai dernier, plusieurs membres de notre communauté ont participé à une discussion animée en présence de notre conférencière invitée : Melissa Mollen Dupuis, de la communauté innue d’Ekuanitshit, sur le Côte-Nord. Cette rencontre s’inscrivait dans le cadre de notre Congrès pancanadien de partage des compétences visant à prévenir et contrer la violence fondée sur le genre au sein des établissements d’enseignement postsecondaire canadiens, soit la toute première conférence visant à prévenir et contrer la violence fondée sur le genre tenue à l’échelle du pays.

Melissa nous a partagé le fruit de ses réflexions au sujet de son parcours de militance et sur différents enjeux qui affectent les populations autochtones au Canada et au Québec. Elle souligne d’emblée que si elle est devenue activiste, c’est parce qu’elle est « née femme et autochtone au Canada ». Dès son jeune âge, Melissa constate les nombreux préjugés et stéréotypes qui accompagnent les rares représentations des peuples autochtones dans la sphère publique canadienne et québécoise. En 2012, après avoir cofondé la branche québécoise du mouvement Idle No More, elle s’est fait de son propre aveu « emportée » dans les questions autochtones parce qu’« il y avait tellement un vide [à ce sujet] dans les médias, dans les institutions ». Depuis ce temps, convaincue que c’est par l’éducation qu’on va permettre la réconciliation, elle offre des ateliers d’éducation populaire.

« Je suis devenue une militante, une activiste, parce que je suis née femme et autochtone au Canada. »

Pour les peuples autochtones, le lien entre la justice environnementale et la justice entre les genres est profondément et culturellement ancré dans les corps et, tout particulièrement, dans les corps féminins. De surcroît, les impacts de la colonisation sur l’environnement sont vécus d’abord et avant tout par les peuples et les femmes autochtones, et ce, pratiquement partout sur la planète. À ce sujet, Melissa nous indique que « l’injustice qui est vécue au quotidien par beaucoup de peuples autochtones à travers la planète, [...] la cause à la base, c’est vraiment le territoire, c’est vraiment l’environnement, les ressources, la colonisation ». Les peuples autochtones sont également investis culturellement d’une responsabilité de protection du territoire, qui les suit dès leur naissance. Cela est tout particulièrement vrai en ce qui concerne la protection de l’eau chez les femmes autochtones : « si je regarde ma fille, je peux voir une rivière millénaire qui remonte par le cordon ombilical de ma fille, à moi, à ma grand-mère [...] jusqu’à la première mère : la terre ».

« Si on fait du mal à la terre, on fait mal aux femmes. » – Melissa Mollen Dupuis

Dans cette discussion d’une heure, Melissa partage également diverses stratégies et tactiques pour permettre à nos établissements d’enseignement postsecondaire de revoir leurs programmes et leurs politiques dans une optique de décolonisation. Elle nous transmet également ses précieux conseils pour développer des collaborations qui sont réellement porteuses avec les populations autochtones de même que pour offrir un environnement et des espaces bienveillants et sécuritaires pour les personnes autochtones qui œuvrent, étudient et travaillent sur nos campus.

Vous pouvez écouter la version intégrale de la rencontre sur notre site web.

Le Congrès pancanadien de partage des compétences se déroule entre les mois de janvier et d’août 2021. Depuis ses débuts, il donne lieu à des échanges stimulants, à des conversations inspirantes et met en vedette de formidables conférencières. On y présente aussi une gamme d’outils d’avant-garde mis au point par les membres de la vaste communauté du Courage d’agir pour lutter contre la violence fondée sur le genre dans les campus. Si vous êtes à l'œuvre pour prévenir et contrer la violence fondée sur le genre en éducation postsecondaire au Canada, il est encore temps de vous inscrire aux prochaines séances de cette opportunité d’apprentissage professionnelle complètement gratuite. De plus, si vous avez assisté en direct à au moins dix séances du Congrès, vous serez admissibles à un certificat électronique.

Pour plus d’informations ou pour vous inscrire aux prochaines séances, veuillez visiter le www.couragetoact.ca/skillshare-fr ou envoyer un courriel à hello@possibilityseeds.ca.

Le courage d’agir est rendu possible grâce à la générosité du soutien et du financement offert par Femmes et Égalité des genres Canada (FEGC) ainsi que par le Gouvernement du Canada.

Présentation au Congrès pancanadien de partage des compétences

Vous pouvez écouter la présentation et télécharger la transcription ci-dessous ou via l’onglet « Éducation » de notre site web.

Pour voir le court-métrage « Femmes autochtones disparues et assassinées »

******

Highlights from the National Skillshare Series Discussion with Keynote Speaker Melissa Mollen Dupuis

“The goal was to show the issues that exist with the police, with the legal system, with people’s willful ignorance regarding Indigenous women’s issues” says Melissa Mollen Dupuis, referring to key messages conveyed by the short film named “Missing and Murdered Native Women” that she produced in 2012 with Wapikoni mobile. While we know that Indigenous women and girls are 5 times more likely to live through or die from physical or sexual violence (NWAC, 2015), we have only just begun to tackle this issue in Canada, despite the National Inquiry into Missing and Murdered Indigenous Women and Girls.

This is why on May 19th, we invited our community to be in conversation with our keynote speaker Melissa Mollen Dupuis, from the Innu community of Ekuanitshit on Quebec's Côte-Nord. This webinar was part of our National Skillshare Series on Addressing and Preventing Gender-Based Violence at Post-Secondary Institutions in Canada, which is the first ever conference of its kind to be held across the country.

Melissa shared some reflections on her career and personal achievements as an advocate, and on various issues affecting Indigenous populations in Canada and in Quebec. She explained that she became an advocate because she was “born a woman and Indigenous in Canada.” From a really young age, Melissa recognized the disproportionate prejudice and stereotypes impacting Indigenous people in Canada, alongside limited representation of Indigenous people in the media. In 2012, right after she co-created the Quebec branch of the Idle No More movement, she got, according to her own words, “carried away” by issues affecting Indigenous peoples because “there was such a void [on this topic] in the media.” Since that time, she has offered education workshops to the public, convinced that it is through education that we will achieve reconciliation.

“I became an advocate, an activist, because I was born a woman and Indigenous in Canada.”

For Indigenous peoples, the link between environmental justice and gender justice is deeply and culturally embedded in bodies, especially in women’s bodies. In fact, virtually everywhere on the planet, the impacts of colonization on the environment are experienced first and foremost by Indigenous peoples and women. Regarding this, Melissa tells us that “the injustice experienced daily by many Indigenous peoples across the globe, [...] the root cause that they share, is about territory, about the land, about natural resources and about colonization.” Indigenous peoples are also culturally invested with the protection of the land, a responsibility that follows them from birth. This is especially true in regard to the protection of waters amongst Indigenous women. Melissa says, “if I take a look at my daughter, I can see a thousands-year-old river flowing through the umbilical cord from my daughter, to me, to my grandmother [...] to the first mother there is: the earth.”

“If we hurt the earth, we hurt women.” – Melissa Mollen Dupuis

In this hour-long discussion, Melissa also shares various strategies and tactics to help post-secondary institutions begin the work of decolonizing their programming, policies, and practices. She also gives out valuable advice for developing collaborations and making sure that colleges and universities work alongside Indigenous communities to better support Indigenous folks living, studying, and/or working on campus.

The National Skillshare Series takes place between January 2021 and August 2021. Featuring immersive sessions, can’t miss conversations and a wonderful line-up of speakers, the National Skillshare Series also showcases a wide array of cutting-edge tools developed by the Courage to Act network to address and prevent gender-based violence on campus. If you are involved in the gender-based violence or post-secondary sector in Canada, there is still time to register for the upcoming sessions of this free professional learning opportunity. Supported by CACUSS, these skillshare sessions are also a recognized learning opportunity. Attendance at ten or more live webinars in our National Skillshare Series will count towards an online certificate.

For more information and to register for any of the Skillshare sessions, please visit www.couragetoact.ca/skillshare or email hello@possibilityseeds.ca.

The Courage to Act project is made possible through generous support and funding from the Department of Women and Gender Equality or WAGE, Federal Government of Canada.

National Skillshare Presentation

Watch the presentation in English and download the full transcript below or on our Education page.

To see Melissa’s short film, Missing and Murdered Native Women, click here.

__________

Référence suggérée : Le courage d’agir. (2021, Mai). Faits saillants de la discussion tenue avec Melissa Mollen Dupuis dans le cadre du Congrès pancanadien de partage des compétences. Le Courage d’agir.

Suggested Citation: Courage to Act. (2021, May). Highlights from the National Skillshare Series Discussion with Keynote Speaker Melissa Mollen Dupuis. Courage to Act. www.couragetoact.ca/blog/discussion-avec-melissa-mollen-dupuis

mollen.png

Melissa Mollen Dupuis

Melissa Mollen Dupuis is a member of the Innu community of Ekuanitshit on Quebec's Côte-Nord. After a long professional career in which she shared the rich culture of her people with non-Indigenous audiences, she created with Widia Larivière in 2012 the Quebec branch of the Idle No More movement. In 2014, Melissa became president of Wapikoni's board of administrators, and in 2017, Amnesty International named her Ambassador of Conscience along with five other figures of Canada's First Peoples' movement and Alicia Keys. In 2018, she became the Boreal campaigner for the David Suzuki Foundation.