Impliquer les hommes pour prévenir et contrer la violence fondée sur le genre sur nos campus

Impliquer les hommes pour prévenir et contrer la violence fondée sur le genre sur nos campus

Rédigé par : Emily Colpitts et Jesmen Mendoza

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Contexte actuel

  • Peu d’établissements d’enseignement postsecondaire au Canada ont actuellement des programmes de lutte contre la violence qui sont axés sur les hommes et les masculinités.

  • Il y a peu de reconnaissance, dans les politiques traitant de la violence sexuelle au sein des établissements d’enseignement postsecondaire, de la nature genrée de cette violence et de l’importance d’impliquer les hommes de diverses manières (par exemple, dans le cadre des mesures de prévention ou lors d’interventions externes).

  • Il y a un manque d’approches fondées sur les données probantes et d’importantes lacunes en ce qui concerne l’évaluation des activités de prévention abordant les masculinités de même que l’efficacité des sanctions et des mesures d’intervention.

Travailler efficacement avec les hommes pour prévenir et contrer la violence implique:

  • De remettre en question les normes et les présupposés à l’égard de la masculinité et de la sexualité plutôt que de les reproduire.

  • De mettre en œuvre une approche qui ne soit pas seulement éducative pour impliquer les hommes dans la prévention et la lutte contre la violence.

  • D’être ancré dans une perspective féministe des rapports de pouvoir entre les genres. Il s’agit d’un travail profondément personnel, pour lequel il ne faut cependant pas perdre de vue les enjeux politiques.

  • De s’engager dans une analyse et une pratique intersectionnelle qui reconnaît les expériences variées des hommes en lien avec les privilèges, l’oppression et la violence.

  • De tenir compte des traumatismes. Que votre travail se concentre sur la prévention ou sur l’intervention auprès des personnes qui ont causé du tort, assumez toujours qu’il y a des personnes survivantes dans la pièce.

  • De reconnaître qu’il s’agit d’un travail difficile et qu’il est nécessaire que les personnes qui s’y engagent soient qualifiées et formées.

  • D’éviter de se précipiter vers la promotion du rôle d’allié ou de témoin actif afin de créer des espaces pour permettre la prise de responsabilité, aussi inconfortable soit-elle.

Prochaines étapes

Pour les décideurs publics :

  • Accorder un soutien financier à la recherche portant sur l’engagement des hommes par le biais de mesures préventives ou d’interventions externes de même que pour l’évaluation des programmes existants de lutte contre la violence, et ce, afin de permettre le développement d’approches fondées sur les données probantes.

Pour la communauté scientifique :

  • Identifier les pratiques prometteuses dans les programmes préexistants et les interventions déjà mises en œuvre qui ciblent les hommes et les masculinités au sein des établissements d’enseignement postsecondaire et dans la communauté au sens large.

  • Mettre à profit ses compétences pour permettre l’évaluation rigoureuse des programmes et contribuer au développement d'approches fondées sur les données probantes.

  • Créer des opportunités de réseautage entre les différentes personnes qui font partie de la communauté de recherche à ce sujet en demandant des subventions à cet effet.

Pour la direction des établissements d’enseignement postsecondaire : 

  • Reconnaître la nature genrée de la violence fondée sur le genre. Si nos efforts de lutte contre cette violence ne tiennent pas compte des hommes et des masculinités, nous n’adressons pas le cœur du problème.

  • Investir dans la recherche menée par le corps professoral et la communauté étudiante sur l’engagement des hommes dans les efforts de lutte contre la violence.

  • Créer un protocole d’entente avec des organismes communautaires qui œuvrent dans ce secteur. Vous pouvez consulter ce billet de blogue pour obtenir des conseils sur les meilleures manières de collaborer. À titre d’exemple, citons deux programmes qui ont été développés grâce à un travail collaboratif [en anglais] : ManMade et MENding.

  • Envisager l’intervention thérapeutique disciplinaire parmi les sanctions appliquées aux personnes qui ont causé du tort. Les structures institutionnelles, les procédures et les protocoles peuvent aider à minimiser les préoccupations éthiques que les personnes intervenantes pourraient avoir à administrer un tel traitement involontaire.

Pour les personnes qui œuvrent en première ligne : 

  • Réviser le matériel de prévention et de sensibilisation. Est-ce qu’il s’adresse aux hommes et traite des masculinités ? Si oui, est-ce qu’il remet en cause les normes masculines ou est-ce qu’il les renforce ? Si non, a-t-on l'opportunité d’y intégrer un contenu critique sur les masculinités ?

  • Exiger du financement institutionnel et du soutien pour le développement de programmes de lutte contre la violence portant sur les hommes et les masculinités.

  • Utiliser les opportunités qui s’offrent à vous pour susciter le dialogue. Si vous n’avez qu’un atelier d’une heure, incorporez-y une activité en petits groupes pour permettre aux hommes de discuter entre eux autour de ces questions. Parfois, le fait de savoir que d’autres hommes ont des questions, des angoisses ou des intérêts similaires à ce sujet peut permettre de créer des opportunités pour poursuivre les discussions au-delà de l’atelier.

Pour la communauté étudiante : 

  • La communauté étudiante peut être à l’avant-garde de ce travail. Inspirez-vous du programme Healthier Masculinities [en anglais], mené par la communauté étudiante de l’Université de Colombie-Britannique à titre d'exemple.

  • Ne sous-estimez pas votre capacité à influencer vos pairs. Envisagez d’utiliser les campagnes ou les programmes de lutte contre la violence qui existent déjà sur votre campus pour susciter la conversation autour de ces enjeux.

  • Exigez que les programmes de prévention et de lutte contre la violence de votre établissement d’enseignement postsecondaire ciblent les hommes et les masculinités.

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Référence suggérée : Colpitts, Emily., Mendoza, Jesmen. (Septembre 2021). Impliquer les hommes pour prévenir et contrer la violence fondée sur le genre sur nos campus. Le courage d’agir. www.couragetoact.ca/blog/impliquer-les-hommes

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Emily Colpitts

Emily Colpitts est boursière postdoctorale du CRSH à l’Université McGill. Ses recherches portent actuellement sur la relation entre la montée des réactions antiféminismes et du mouvement alt-right et les efforts pour prévenir et contrer la violence ainsi que pour promouvoir la justice sociale sur les campus canadiens. Elle est également membre du conseil d’administration du Toronto Rape Crisis Centre / Multicultural Women Against Rape.

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Jesmen Mendoza

Jesmen Mendoza est inscrit auprès de l’Ordre des psychologues de l’Ontario depuis 2008. Il offre des services de soutien thérapeutique et de psychothérapie depuis 1999 sur un éventail de questions et dans divers contextes. Il travaille au Centre for Student Development and Counselling de l’Université Ryerson, où il offre des services de thérapie à la communauté étudiante universitaire, une formation aux étudiants et aux étudiantes en psychologie et des consultations aux membres du personnel qui doivent gérer des situations délicates. Avant d'œuvrer au sein de l'Université Ryerson, il a fourni ses services dans plusieurs milieux des services sociaux et de la justice pénale. Il applique une approche de psychologie intégrée, inclusive et positive dans l’ensemble de son travail.